Composition du Cortège
1. Les pompiers communaux
Jusqu'à la fin du 19ᵉ siècle, c'était la Société philharmonique, la fanfare communale officielle, qui ouvrait le cortège. Depuis 1892, ce sont les sapeurs-pompiers qui marchent en tête.
En 1960, ils sont rejoints par une phalange de pompiers venant de Mouscron et de Leuze, qui anime la marche au rythme des tambours et d'autres instruments, suivis par le groupe athois des hommes du feu qui défilent à pied.
Tradition
Ils exécutent des figures en forme de 8 à certains endroits clés.
2. L'Aigle à deux têtes et sa fanfare
Géant
L'Aigle est le géant de la confrérie des tailleurs du 17ᵉ siècle. L'aigle représente souvent l'emblème des villes bénéficiant de privilèges royaux. Le 13 septembre 1854, lors d'un passage de la famille royale à Ath, le duc du Brabant, futur Léopold II, le remplace. À cette occasion, une seconde tête est commandée à l'ébéniste Emmanuel Cambier pour que l'aigle puisse arborer les armoiries de la Ville.
Poids
115 kilos + l'enfant - Taille : 3,30 mètres
Anecdote historique
Si une partie de la population locale sait que l'aigle n'a pas toujours eu deux têtes, moins de gens savent qu'avant le 19ᵉ siècle, l'aigle avait les ailes déployées.
Porteurs
Les porteurs de l'Aigle sont particulièrement connus pour leurs danses magnifiques sur les airs de La Valse de l'Aigle et du boléro "J'ai rêvé de vous".
Ils se rassemblent dans leur local, appelé "Les Enfants de Gouyasse", situé dans un café populaire de la Ville. Depuis 1992, ils ont la tradition de déjeuner chez une personne très connue dans le folklore : Christian Cannuyer.
Fanfare
La fanfare qui accompagne l'aigle est la Royale Harmonie Union meslinoise. Elle a remplacé la fanfare de Bouvignies en 1983. Sur le Pont du Gâdre et du Moulin, la fanfare interprète "la valse de l'aigle", l'un de ses chants les plus célèbres.
Tradition
L'aigle est traditionnellement monté par un très jeune cavalier de 2 ou 3 ans. Avec son poids ajouté à celui du Géant, il en fait l'un des géants les plus lourds du cortège (après le cheval Bayard).
3. La Barque des Pêcheurs napolitains
La Barque apparaît pour la première fois dans le cortège de la Ducasse en 1853, à l’initiative de la société chorale des Matelots de la Dendre. A partir de 1873, le Diable apparaît à l’avant de la barque. Si à l’origine, il représentait un homme « sauvage », il a évolué pour représenter un personnage fantastique, le « Diable de Gavatao ».
La légende
Une barque de pêcheurs napolitains révolutionnaires, fuyant l'oppression espagnole en 1647, découvre une île déserte et étrange, ne se trouvant sur aucune carte, où le temps s'écoule plus rapidement qu'ailleurs et où une nuit passe comme 200 ans. Là, dans une caverne infernale, les Napolitains trouvent un Diable enchaîné : une créature au visage rouge et noir, comme supplicié par les flammes, au front orné de cornes dorées, à la coiffe emplumée et aux bijoux royaux. C'est l'ancien roi de Gavatao, déchu et abandonné par ses sujets !
Les pêcheurs le libèrent et, en échange, la créature leur fabrique, grâce à sa massue magique, une nouvelle barque pour remplacer celle détruite dans la tempête qui les avait fait s’échouer sur l'îlot.
Tantôt craint pour son comportement provocateur, tantôt adulé comme porte-bonheur grâce aux bénédictions qu'il apporte au cours du voyage, le Diable fascine autant qu'il effraie. Les matelots et cantinières finissent par sympathiser avec lui et le ramènent à Ath, via la Dendre, sur leur barque.
Cet équipage solidaire et insolite débarque au Pont de Brantignies en août 1873, en pleine Ducasse.
Il y fait immédiatement sensation ! La barque est si chatoyante ! Le Diable si électrisant et grotesque ! C'est de loin le personnage le plus sauvage que le public athois ait jamais vu. La Barque des Pêcheurs Napolitains et son Diable intègrent le cortège dès l'année suivante et ces personnages hauts en couleur deviennent, pour tous les Athois, un des symboles de la fête et de la liberté.
4. Saint Christophe de Flobecq
Saint Christophe apparaît pour la première fois dans la procession d'Ath en 1462. Il a disparu pendant plusieurs siècles avant de réapparaître en 1976, influencé par le personnage de la procession de Flobecq.
Il est perché sur des échasses et porte le Christ sur ses épaules, en référence à sa légende.
La légende
Selon la légende dorée, Saint-Christophe était un personnage gigantesque du nom de Reprobus, mesurant au moins 5,50 mètres de haut. Lorsqu'il atteignit l'âge de raison, il décida de partir voyager pour trouver le roi le plus puissant au monde et le servir. Cependant, il se rendit compte que le roi redoutait le Diable. Convaincu que le Diable était plus puissant que le roi, il décida de le servir.
Un jour, alors qu'il suivait le Diable, celui-ci vit la Croix du Christ et ordonna à sa troupe de reculer. Le Diable expliqua à Reprobus qu'il craignait l'image du Christ. Convaincu que le Diable n'était pas le plus puissant, Reprobus décida de servir le Christ et partit. Il rencontra un ermite qui l'amena au bord d'un torrent furieux que personne ne pouvait traverser. L'ermite promit à Reprobus que s'il aidait les voyageurs à traverser, le Christ le reconnaîtrait comme son serviteur.
Une nuit, alors qu'il était endormi, il fut réveillé par la voix d'un enfant qui souhaitait traverser le torrent. Il prit l'enfant sur ses épaules et entra dans le torrent. Les flots devinrent furieux et il sentit comme s'il portait le poids du monde en plus de l'enfant. Inquiet pour la sécurité de l'enfant, il lui demanda pourquoi il était si lourd. L'enfant révéla alors qu'il était le Christ, le créateur du monde. Après cette traversée, Reprobus fut baptisé et reçut un nouveau nom : "Christophe", signifiant "Porte-Christ".
Anecdote historique
À une époque, Saint-Christophe était suivi par une petite fille jouant le rôle de l'Enfant Jésus. Il y avait même un dialogue entre les deux personnages :
(Saint-Christophe) L'Enfant ! L'Enfant ! Que tu pèses !
(L'Enfant) Tu ne sais pas ce que tu portes ?
(Saint-Christophe) Quoi que je porte ?
(L'Enfant) Tu portes le monde !
5. Les Bleus
Les Bleus incarnent la garde civique athoise du 15ᵉ siècle. Leurs costumes ne sont donc pas d'origine française, mais plutôt les anciens uniformes de la garde civique. Les Bleus sont les héritiers de la confrérie des canonniers-arquebusiers et ont fait leur première apparition en 1679 aux côtés du géant Samson.
Ce groupe est composé de 27 fusiliers, un porte-drapeau, une cantinière, 3 tambours et un commandant. La cantinière a la responsabilité de ravitailler la troupe avec une boisson "mystérieuse".
Traditions
Ils tirent des salves d'honneur à différents moments du cortège depuis au moins 1809, et la croyance populaire veut que les douilles vides jetées dans la rue portent bonheur.
6. Samson et sa fanfare
Géant
Samson est apparu en 1677 et est le géant de la confrérie des canonniers de l'époque. Comme Goliath, Samson est un personnage biblique. En hommage à son escorte (Les Bleus), il porte le même costume inspiré de la garde civique athoise.
Poids
121,5 kilos - Taille : 4,30 mètres
La légende
Dans l'Ancien Testament, Samson est un héros d'une force herculéenne grâce à sa longue chevelure qu'il ne coupe jamais. Il se bat contre les Philistins (dont Goliath fait partie) pour défendre le peuple d'Israël. Lorsqu'il fut capturé par les Philistins, il réussit à briser ses liens et, armé d'une mâchoire d'âne, il tue 1000 Philistins. Dalila, séduite par les Philistins, trahit Samson en découvrant que sa force réside dans ses cheveux. Elle le trahit en lui coupant ses cheveux et en le livrant aux Philistins, qui l'aveuglent. Prisonnier de ses ennemis, il est utilisé pour les divertir lors d'un sacrifice au dieu Dagon. Ses cheveux repoussent et, invoquant Dieu, il utilise sa force pour renverser les colonnes du temple, tuant ainsi plusieurs milliers de Philistins et lui-même.
Depuis, Samson a décidé de quitter Dalila et préfère Mademoiselle Victoire, une autre géante du folklore local, moins dangereuse pour ses cheveux, mais tout aussi belle.
Tradition
Depuis 2006, les porteurs de Samson organisent, en compagnie de ceux de Mademoiselle Victoire, le mariage des deux géants les lundis de la Ducasse.
Porteurs
Tous les porteurs de Samson portent la casquette que les porteurs portaient avant la Seconde Guerre mondiale. Ils sont notamment connus pour leur chorégraphie avec le géant sur les chansons "A far l’amore" et "Samson". Comme c'est également la tradition avec Mademoiselle Victoire, le porteur pour qui c'est la dernière Ducasse embrasse Samson en signe d'adieu. Enfin, il convient de noter que la seule femme ayant porté un géant athois faisait partie du groupe de 1996 à 2017 (Christine Demesse).
Fanfare
Bien que chaque géant possède une fanfare depuis seulement 1906, Samson a dansé au rythme de trois fanfares différentes : la fanfare d'Irchonwelz (qui fait maintenant danser Ambiorix), puis celle de Lanquesaint, et depuis 1969, celle de Moulbaix (Royale Union des Fanfares Sainte-Cécile de Moulbaix et ses majorettes). Depuis 2021, les costumes de la fanfare ont été adaptés aux couleurs du géant.
Chansons populaires
La fanfare est notamment célèbre pour son interprétation des chansons traditionnelles "Over and Out" et "Rose-Marie". Son répertoire de Ducasse présente l'une des plus grandes innovations parmi les fanfares.
Tradition
La fanfare est connue pour son amour du spectacle et peut même danser en musique à certains endroits du cortège. Son porte-drapeau, Yves Dumont, réalise parfois des lancers spectaculaires devant le public.
7. Le canon du Mont Sarah
Dans un passé lointain, le canon faisait partie du groupe des canonniers-arquebusiers qui suivaient le géant Samson. En 1974, en raison d'une explosion du nombre de candidatures pour devenir figurant dans le cortège, un nouveau groupe fut ajouté autour du canon.
On raconte que le canon aurait peut-être fait partie de la procession de l'Ancien Régime et aurait été emmené à Bruxelles en 1830 lors des révolutions contre les Hollandais. Bien que ce fait ne soit pas historiquement confirmé, l'histoire est demeurée.
D'ailleurs, la harangue de Marie-Anne Leroy, la cheffe du groupe, évoque la révolution de 1830 au cours de laquelle les Athois se sont soulevés contre la domination hollandaise.
Marie-Anne Leroy
Marie-Anne Leroy, plus familièrement appelée Anne-Marie par la foule, est une révolutionnaire athoise. En 1822, les Hollandais occupaient l'actuel Hôtel des Finances, autrefois connu sous le nom de "caserne Siron". Le 27 septembre 1830, Marie-Anne Leroy, une dentellière âgée de 53 ans, aurait harangué la foule aux côtés de Catherine Seghin, contribuant ainsi à provoquer une émeute. Le commandant de la garnison hollandaise fut fait prisonnier et la caserne fut prise d'assaut par la foule.
Anecdote historique
Pendant la période des Golden Sixties (années 1960), personne ne voulait être associé à un rôle de figurant, car traditionnellement, ces rôles étaient réservés aux couches les plus modestes de la ville, et personne ne désirait afficher un tel statut. À cette époque, les gens cherchaient principalement à améliorer leur condition sociale et économique.
Tradition
Lors de la harangue en picard de Marie-Anne Leroy, la foule crie avec le groupe :
(Foule) À Bruxelles !
(Foule) Vive la liberté !
La fanfare du groupe entame ensuite l'air de la "Muette de Portici" qu'elle chante en chœur avec le public.
8. Le char de l'Horticulture
À l'origine, le char créé en 1850 était appelé "Le char des Jeunes Filles". Il fut dédié à Vénus en 1851. Par la suite, il prit le nom de char de Flore en 1860, pour finalement devenir le char de l'Horticulture en 1876.
Sur ce char, on peut voir Flore entourée d'un groupe de jeunes nymphes vêtues de blanc et couronnées de fleurs.
Flore
La déesse sur le char est toujours Flore, la déesse romaine des fleurs, des jardins et du printemps. On la considère comme la déesse de tout ce qui fleurit et de toutes les bonnes espérances symbolisées par les fleurs.
Tradition
Le char est décoré avec des plantes et des fleurs naturelles, de même que les figurants. Ces derniers lancent des œillets à la foule tout au long du parcours.
9. Ambiorix et sa fanfare
Géant
Ambiorix fit son apparition en 1850 pour remplacer Tyran. Il est le géant de la confrérie des archers. Il représente le chef des Eburons, un peuple gaulois du nord de la Gaule, vainqueur contre la légion de César. À son introduction, il fut érigé en héros local, tout en célébrant un épisode glorieux de l'histoire nationale. Dès le début, il arborait une cuirasse, un manteau rouge et une peau de tigre pour lui donner l'aspect le plus redoutable.
Poids
130,5 kilos – Taille : 3,75 mètres
Porteurs
Les porteurs ont une relation étroite avec la fanfare. Ils sont notamment connus pour "La danse du Spirou", à laquelle le public aguerri participe. Cette danse est particulièrement associée à la famille Huez, avec Arnaud Huez (8e génération) ayant hérité de cette spécialité de son père, Georges (7e génération). Ils dansent également sur les airs de la chanson d'Ambiorix.
Fanfare
La fanfare qui accompagne Ambiorix est arrivée en 1950 avec le géant. Auparavant, la fanfare Saint-Denis d'Irchonwelz accompagnait Samson, ce qui explique sa première apparition dans le cortège en 1903. Pour comprendre ce qu'ils ont écrit sur leur tambour, notez que "Irchonwelz" se dit "l'chonwé" en picard, signifiant "sentier des hérissons".
Anecdote historique
En 1993, une violente tempête frappa la ville, obligeant le Bourgmestre de l'époque, Guy Spitaels, à ordonner l'interruption du cortège. Les porteurs du géant refusèrent et furent suivis par la fanfare Saint-Denis, et même Monsieur et Madame. Finalement, par un petit miracle, l'acharnement des porteurs fut récompensé par le retour du soleil.
10. Les hallebardiers
Le groupe fait son apparition dans le cortège en 1877, en même temps que le groupe des Hommes d'Armes, plus loin dans le cortège. Sa mission est d'escorter le char des États provinciaux et de représenter des soldats du 16ᵉ siècle armés de piques et de hallebardes.
Tradition
En général, le groupe défile tout au long du cortège et organise occasionnellement des rencontres avec les Hommes d'Armes pour se livrer à des combats amicaux.
11. Le char des États Provinciaux
Ce char allégorique défile dans le cortège à partir de 1886. Ses figurants proviennent d'une collaboration avec l'ASBL La Pommeraie d'Ellignies-Sainte-Anne, un centre qui a pour mission le bien-être et l'accompagnement de personnes adultes en situation de handicap.
Anecdote historique
L'histoire de ce char est liée à un événement tragique et sanglant des guerres de religion du 16ᵉ siècle : À cette époque, les guerres des Pays-Bas opposant les Orangistes à la couronne d'Espagne ont de fortes répercussions à Ath. Louis de Nassau, le frère de Guillaume d’Orange, s'empare de Mons en 1572 et fait d’Ath le siège des États provinciaux ainsi que le principal centre administratif du comté. La première réunion des États Provinciaux a d'ailleurs eu lieu à Ath, présidée par Robert de Trazegnies, Châtelain d’Ath. Cependant, les troupes françaises protestantes soutenant Louis de Nassau subissent une défaite à Hautrage la même année. Conséquence : 400 soldats protestants sont faits prisonniers sur la Grand'Place d’Ath avant d’être exécutés.
Rassurez-vous, pendant la Ducasse, la Grand'Place ne sert qu'à la fête ! (Les autres jours, elle sert de parking)
12. Le char de la Navigation
À l'origine, ce char faisait partie du cortège des Moyens de transport, qui célébrait en 1885 le 50ᵉ anniversaire de la première ligne de chemin de fer en Belgique. Il a été introduit dans le cortège en 1886.
Anecdote historique
La barge est un modèle réduit du bateau de 25 mètres de long et 5 mètres de large qui naviguait et transportait des voyageurs et des marchandises entre Gand et Bruges à partir de 1623.
13. Mademoiselle Victoire et sa fanfare
Géante
Elle incarne la Ville d’Ath et sa couronne symbolise la ville fortifiée, arborant les couleurs de la ville : mauve, blanc et jaune, avec les aigles des armoiries de la Ville ornant sa ceinture.
Poids
130 kilos – Taille : 4,07 mètres
Anecdote historique
Bien qu'apparue pour la première fois en 1793, Mademoiselle Victoire a été officiellement créée en 1860 grâce à la volonté du Bourgmestre Félicien Wincqz et des autorités locales. Cette initiative visait à affirmer l'identité de la Cité après l'introduction de l'Aigle, d'Ambiorix et du char de la Ville. Cependant, à cette époque, sa poitrine choquait les catholiques.
Tradition
À la fin de la Ducasse, les habitants d'Ath se pressent pour recevoir un bout des longues tresses de la géante, considérée comme un porte-bonheur.
Porteurs
Les porteurs de Mademoiselle Victoire forment l'une des équipes les plus jeunes du cortège. Ils sont réputés pour leur danse sur les airs de "Ainsi que la brise légère" et "Les Lacs du Connemara". Comme c'est le cas pour Samson, la tradition d'embrasser la joue de la géante en guise d'au revoir est également pratiquée.
Anecdote historique
En 1995, quatre enfants âgés d'une dizaine d'années, faisant partie des porteurs de tirelire, décident en cachette de faire danser la géante, ce qui surprend grandement le groupe qui ne s'attendait pas à voir Mademoiselle Victoire bouger.
Fanfare
C'est la fanfare de Lorette qui accompagne Mademoiselle Victoire depuis 1851. Il s'agit d'ailleurs de l'ensemble musical le plus ancien à participer au cortège. Cette fanfare est associée au faubourg de Bruxelles à Ath, également appelé "Quartier de Lorette" en référence au nom de sa chapelle.
Chansons populaires
Les chansons "Mam’zelle" et "Les Lacs du Connemara" sont souvent interprétées lors du défilé sur la Grand'Place, au Pont du Moulin et au Pont du Gâdre.
14. Le char de l'agriculture
Ce char a été introduit en 1906, en même temps que le char d’Albert et Isabelle qui le suit. Il présente la déesse Cérès entourée de paysans et paysannes dans un décor inspiré de l'époque 1900. Son prédécesseur était le char des Moissonneurs, qui défilait dès 1860.
Sur le char, on peut observer des gerbes de blé, des pelles, des râteaux, et d'autres outils utilisés à une époque où les tracteurs et les machines agricoles n'étaient pas encore répandus.
Cérès
Cérès est la déesse romaine de l'agriculture et surveille la production alimentaire agricole. Durant l'époque romaine, une légende était associée à Cérès pour expliquer le cycle des saisons. Cérès avait une fille nommée Proserpine. Cette dernière attira l'attention du dieu des enfers et, sans le consentement de Cérès, il l'emmena dans le monde souterrain.
Après avoir appris l'enlèvement de sa fille grâce au Dieu Soleil, Cérès se retira et la terre devint un désert stérile. Un compromis fut finalement trouvé : Proserpine partagerait son temps entre son mari et sa mère. Ainsi, les floraisons du printemps et de l'été étaient le résultat de la joie de Cérès de retrouver sa fille, tandis que l'automne et le déclin correspondaient aux moments où sa fille retournait auprès du dieu des enfers.
Anecdote historique
En 1948, des moutons et des chèvres défilaient encore derrière le char en compagnie du groupe de paysans.
15. Le char d'Albert et Isabelle
Ce char a été introduit en 1906 après avoir été racheté du cortège historique célébrant les 75 ans de la Belgique. Il rend hommage à Albert et Isabelle, les Archiducs à la tête des Pays-Bas du Sud en 1598.
En 1609, pendant leur règne, une trêve de 12 ans mit fin à la guerre avec les Pays-Bas du Nord. C'est à cette période que l'architecte des Archiducs a conçu l'Hôtel de Ville d'Ath dans un style baroque, entre 1614 et 1624.
Tradition
L'archiviste actuel de la Ville d'Ath participe au char en tant que figurant. Chaque année, tout au long de la journée, il prend note des différentes anecdotes du cortège et des heures de passage aux différents endroits stratégiques.
16. Les hommes d'armes
Ce groupe a pour rôle d'escorter le char d'Albert et Isabelle et représente les hommes d'armes du 16ᵉ siècle.
Anecdote historique
Le drapeau porté par le sergent et orné du chiffre 93 fait référence à l'année 1993, durant laquelle le cortège a dû être interrompu en raison de la pluie. Seul le géant Ambiorix avait alors refusé de s'arrêter.
Tradition
À certains endroits du cortège, il arrive que le groupe soit attaqué par le groupe des Hallebardiers.
17. Le cheval Bayard et sa fanfare
Géant
Bayard est le plus grand de tous les géants du cortège. Il porte sur son dos les 4 fils Aymon : Allart, Renaud, Guichard et Richard. Les écussons sur sa jupe affichent les armoiries des serments des archers, des arbalétriers et des canonniers, ainsi que celles de la ville et du châtelain de la famille des Croÿ-Renty (dont Jean fut châtelain d'Ath de 1439 à 1465). Depuis 1988, le collier de la Toison d'Or est accroché à son poitrail pour marquer le 100ᵉ anniversaire de la Royale Alliance Athoise et le 40ᵉ anniversaire de Bayard.
Poids
632 kilos (+ enfants) – Taille : 6,30 mètres
Anecdote historique
Le cheval Bayard a existé dans le cortège entre 1462 et 1564, puis a disparu pendant des siècles avant d'être réintroduit en 1948 grâce à une initiative de la Royale Alliance Athoise (RAA) et au travail de René Sansen, un Athois à qui nous devons de nombreux géants de faubourg et Tirant l'Ancien. Il était le directeur de la société de gymnastique.
La légende
L'histoire des 4 fils et du cheval commence lorsqu'un des fils tue le neveu de Charlemagne. Enragé, Charlemagne veut se venger et poursuit les 4 fils. Ils réussissent à s'échapper dans la forêt d'Ardenne, montés sur Bayard, un cheval offert par leur cousin et enchanteur Maugis.
On raconte que sa croupe s'élargissait pour porter les 4 frères et qu'il était particulièrement attaché à Renaud, l'un des 4 fils. Lorsque Charlemagne finit par retrouver les 4 chevaliers, un accord est trouvé et il est décidé à noyer Bayard dans la Meuse.
Cependant, Bayard parvient à s'échapper et trouve refuge dans les Ardennes.
Tradition
Le cheval Bayard est accompagné d'un "fou du Roi" qui le guide symboliquement, ainsi que de porteurs de drapeaux évoquant la pompe festive d'une cour médiévale.
Porteurs
Contrairement aux autres équipes de porteurs, ceux de Bayard portent un polo azur, un pantalon blanc crème et un écusson de la RAA. Ils sont également plus nombreux : 2 équipes de 16 personnes qui doivent coordonner leurs mouvements parfaitement pour exécuter les 4 figures de danse imaginées par Sansen : la croix, la belle, les tours et le cabrage.
En hommage à René Sansen, ils exécutent leur première danse devant son ancienne demeure à la Rue des Frères Descamps.
Leurs danses les plus remarquables sont réalisées sur l'air de "Bayard" mais aussi sur la chanson "Rivers of Babylon" de Boney M.
Fanfare
Bien qu'à l'origine la fanfare de Rebaix accompagnait le cheval Bayard, c'est la fanfare de Huissignies qui a pris le relais lorsque Rebaix a annoncé son retrait. Cette fanfare est l'une des favorites des Athois en raison de la qualité musicale et de la précision des parades exécutées par ses musiciens et majorettes.
18. Le char des 9 provinces
Introduit en 1884 pour célébrer les 50 ans de la Belgique à Bruxelles, ce char remplace celui de la Belgique qui défilait dans le cortège de 1876 à 1885. À l'époque, la Belgique comptait neuf provinces, car la province du Brabant n'était pas encore séparée linguistiquement.
La déesse qui trône au sommet du char symbolise la Belgique, tandis que les jeunes filles en dessous représentent les différentes provinces. On peut également apercevoir des jeunes pages sur le char. Les décors derrière le Lion belge mettent en avant la constitution belge, le progrès et les libertés.
La mascotte
Parmi les mascottes du char se trouve un border collie nommé Quintine. Cette chienne appartient au conducteur de chevaux et effectue régulièrement des acrobaties pour divertir le public. Sa préférence pour le cheval en tant que moyen de transport en fait une véritable écologiste !
Anecdote historique
Ce char était en fait une promesse électorale de M. de Kerchove, qui lui a valu de nombreux suffrages. Il a été élu en 1884, l'année où le char a défilé pour la première fois.
19. Le groupe des 5 cantons
Ce groupe se compose de cinq hérauts d'armes à cheval, qui sont des officiers de l'office d'armes responsables de certaines publications solennelles et de la transmission de messages importants. Ils défilent à partir de 1884, juste après le char des 9 Provinces et devant le char de la ville.
Ces hérauts portent les bannières des cinq cantons de l'arrondissement d'Ath : Ath, Chièvres, Frasnes-lez-Buissenal, Flobecq et Quevaucamps.
20. Le groupe des 19 communes
Ce groupe a été intégré en dernier dans le cortège, faisant sa première apparition en 1997 à l'initiative de l'ASBL Rénovation du Cortège pour célébrer les 20 ans de la fusion des communes.
Il se compose de jeunes écuyers portant les armoiries des 18 villages qui ont été rattachés à la commune d'Ath, avec le blason de la ville d'Ath placé au centre du groupe. Deux tambours accompagnent également le groupe.
21. Le char de la Ville
Créé en 1715 en même temps que Madame Goliath et le deuxième cheval Diricq, qui fait partie de la garde de Goliath, ce char avait à l'origine pour but de transporter le châtelain ainsi que les autorités civiles et religieuses. Par la suite, il devint l'emblème de la Ville d'Ath à qui il appartient.
Actuellement, le char présente la déesse de la Ville assise sous un temple monoptère. Les marches menant à son siège sont ornées de personnalités athoises qui se sont distinguées au fil des siècles.
Anecdote historique
Le char a été réaménagé vers le milieu du 19ᵉ siècle, une période marquée par le nationalisme. Toutes les personnalités représentées sur le char sont antérieures à notre époque. Voici la liste des personnalités du char dans l'ordre de leur année de naissance :
- 1470-1550 : Le Marquis de Trazegnies,
- 1508-1562 : Jean Taisnière,
- 1513-1589 : Michel de Bay,
- 1541-1634 : Jean Zuallart,
- 1547-1603 : Juste Lipse,
- 1626-1705 : Louis Hennepin,
- 1627-1695 : Jacques de Fariaux,
- 1676-1738 : Simon de Bauffe,
- 1797-1871 : Eugène Defacqz.
Les personnalités présentes sur le char n'ont pas été changées depuis. Cependant, il est à noter que d'autres personnalités locales existent également. Au total, plus de 400 noms peuvent être dénombrés. Marie-Anne Leroy est un exemple parmi les 400 noms et a été ajoutée dans le cortège vers 1970.
Tradition
Chaque année, la déesse porte une réplique de la couronne de la géante Mademoiselle Victoire. Cette tradition symbolise que la géante et la déesse du char de la Ville sont toutes deux des personnifications de la Ville d'Ath. Les principales différences entre les deux ? La déesse sur le char mesure moins de 2 mètres et ne danse pas pendant le cortège.
22. Monsieur et Madame Goliath et leur fanfare
Géants
Goliath existe depuis 1481, bien que la date précise de son apparition soit inconnue. Goliath est un Philistin, le peuple contre lequel Samson s'est battu. À l'origine, Goliath était le géant de la confrérie des arbalétriers.
Poids Monsieur Goliath
129,5 kilos – Taille : 3,95 mètres
À partir de 1715, les Athois ont attribué à Goliath une femme, et c'est ainsi que Monsieur et Madame Goliath sont nés. Cette évolution a progressivement humanisé Goliath. Vers la fin du 18ᵉ siècle, il est devenu une figure pittoresque appréciée des habitants d'Ath et l'emblème de la ville.
Poids Madame Goliath
117,5 kilos – Taille : 3,90 mètres
Anecdote historique
L'apparence des géants a évolué au fil du temps. Il est notoire qu'à un moment donné, les deux géants ont porté des perruques blondes bouclées et poudrées. On sait également que Madame possédait un bichon en 1737, ce qui était une compagnie habituelle pour les dames de la bonne société.
Monsieur Goliath a même été habillé en fonction des victoires politiques avant qu'un compromis soit trouvé avec la couleur mauve, une combinaison entre le bleu et le rouge, les couleurs de la ville.
Légende
Une légende raconte qu'en 1782, des habitants de Mons auraient tenté, sans succès, d'enlever Goliath pour le ramener à Mons. Bien que cette histoire n'ait jamais été confirmée, elle témoigne de la rivalité entre les traditions populaires de l'époque.
Tradition
Madame Goliath porte un bouquet composé de fleurs fraîches. Celui-ci est renouvelé chaque année.
Porteurs
Les porteurs de Monsieur et Madame Goliath ont des traditions bien établies et des danses qu'ils exécutent uniquement à des endroits très spécifiques. Par exemple, la danse la plus célèbre est la danse du Grand Gouyasse.
Normalement, elle n'est jouée que sur le pont du Gâdre et celui du Moulin, en référence aux anciens ponts-levis qui servaient d'entrée à la ville médiévale.
Fanfare
C'est la fanfare Union Saint-Martin qui accompagne le couple lors de leurs différentes sorties depuis 1872. Parmi les airs les plus populaires et reconnus de la fanfare, on peut citer la valse de Louise, Face à l'Est, le boléro "Rossignol", la trilogie des ponts (Val Fleuri, Saint-Johan et le Virgo Maria), Eul Ducass' d'Ath et Au faubourg de Tournai.
23. Le Berger David et la Garde de Goliath
Berger David
Le personnage du Berger David est surtout mis en avant le samedi de la Ducasse lors du combat.
Il défile aux côtés de Goliath le dimanche, en restant à une distance d'une longueur de bâton (houlette) de berger.
Tradition
En général, le rôle du Berger David est interprété par un fils ou un proche des porteurs de Goliath.
Il arrive parfois que les porteurs se rendent à la maternité pour annoncer que l'enfant sera un jour David dans le folklore local.
La garde
La garde est composée actuellement de deux "hommes de feuilles", du personnage du diable Magnon qui fait reculer le public avec une vessie de porc, et de deux chevaux nommés Diricq.
Anecdote historique
Le nombre de personnages au sein de la garde a évolué au fil du temps. Certains personnages ont disparu, pour réapparaître des années plus tard. C'est le cas des "hommes de feuilles", qui ont été au nombre de neuf à un moment donné.
Les chevaux Diricq ont également disparu en 1850 pour réapparaître en 1981. Notons d'ailleurs que ces chevaux portent le nom d'un ancien habitant de la ville.
24. Le Conseil Communal
Les membres des autorités municipales défilent dans le cortège depuis au moins le Moyen Âge. En 1715, ils étaient même présents sur le char de la Ville.
Au 19ᵉ siècle, le Conseil communal a commencé à suivre le cortège à pied, avant que les calèches n'apparaissent en 1899 pour les transporter.